Toutes les formes d’expression fonctionnent pour moi selon des variations d’intensité. La forme poétique cherche l’intensité la plus élevée.
Pour cela, tout est permis. Toutes les influences sont bonnes, tant qu’elles ne limitent pas. Chercher des solutions et des possibilités dans les autres formes d’expression mais aussi dans les autres domaines de la connaissance humaine, les sciences aussi bien que les magies (les intuitions). Chercher des solutions et des possibilités dans les autres langues, toutes les autres langues (les maltraiter au besoin ou les inventer), et même dans ce qui n’est pas humain : la nature, l’animal, le géologique.
Favoriser des concentrations, trouver des points de concentration qui se révulsent, c’est-à-dire qui, au lieu de fermer, s’ouvrent sur un à-travers du miroir. sur le revers de la surface. L’objet poétique provoque des réactions chimiques dans le corps, une transformation de la matière, qui viennent à leur tour modifier les sensations et les idées.
Ainsi, l’expression poétique est accessible à tous, même aux enfants, même aux analphabètes, et ce malgré une apparence parfois déconcertante (les comptines sont souvent obscures et incompréhensibles).
Une ouverture d’esprit et une connaissance minimale de la langue sont peut-être les deux seuls présupposés requis. Accepter l’absurde, le non-narratif, l’incompréhensible, le bizarre. Alors tout est possible.
La forme est donc, à l’écrit, un élément fondamental. Dans la constitution du poème, elle est stricte et immuable. Chaque mot, jusque dans sa graphie (voire sa typographie), chaque ponctuation, chaque est nécessaire (c’est-à-dire participe au ton ou à l’intensité de la pièce).
Toutes les voies sont possibles. Partir d’une phrase anodine, qui se file, se court-circuite, se répète, ou s’épuise. Ou commencer par une formule extravagante, être attentif, être à l’écoute, ne pas avoir peur de l’étranger, de l’altérité, de la folie l’inhumain l’immoral, ou quoi que ce soit d’autre. À chacun sa capacité de résistance, c’est-à-dire son expérience et son goût.
Jusqu’au moment où l’équilibre se rompt, sans pour autant se figer ou chuter. C’est là où le poème s’arrête.
RKG
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– Camillo Di Maria, from Randoem
– Amelia Rosselli (english poems)
– Joseph Massey, from At the point
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