Magnifique petit recueil, qui est paru récemment en trois langues aux États-Unis, italien, français et anglais, par Gian Maria Annovi, Diana Thow et Jean-Charles Vegliante (qui avait le premier, à notre connaissance, et accueilli et traduit Rosselli).
Les textes des trois auteurs qui accompagnent la traduction font de ce petit livre, dirigé par Gian Maria Annovi, un objet précieux pour la connaissance de la poétesse.
Le recueil au titre français a été rédigé en 1979 et publié en 1981, à Gênes chez San Marco dei Giustiniani.
L’introduction y était signée par Giovanni Giudici.
*
1
Il borghese non sono io
che tralappio d’un giorno all’
altro coprendomi d’un sudore
tutto concimato, deciso, coinciso
da me, non altri – o se soltanto
d’altri sono il clown faunesco
allora ingiungo l’alt, quella
terribile sera che non vi
fu epidemia ma soltanto un
resto delle mie ossa che
si rifiutavano di seccarsi
al sole.
Non v’è sole sche non sia
lumière, (e il francese è
un par terre) quando cangiando
viste, cangiasi forme, anche
nel tuo nostalgico procedere
verso un’impenetrabile morte.
Nel verso impenetravi la
tua notte, di soli e luci
per nulla naturali, quando
l’elettrico ballo non più
compaesano distingueva tra
chi era fermo, e chi non
1
Le bourgeois ce n’est pas moi
qui tralioppe d’un jour à l’
autre en me couvrant de sueur
toute conchiée, décidée, coïncidée
par moi, pas les autres – ou si seulement
des autres je suis le clown faunesque
alors j’ordonne l’alt, cette
terrible soirée où il n’y
eut pas d’épidémie mais rien qu’un
reste de mes os qui
se refusaient à sécher
au soleil.
Il n’y a pas de soleil qui ne soit
lumière, (et le français est
un par terre) quand en changeant
de vues, tu changeas de forme, même
dans ta procession nostalgique
vers une mort impénétrable.
Dans le vers tu impénétrais ta
nuit, de soleils et lumières
en rien naturels, quand
le bal électrique plus du tout
campagnard distinguais entre
qui était immobile, et qui ne
lo era. Difendo i lavoratori
difendo il loro pane a denti
stretti caccio il cane da
questa mia mansarda piena
d’impenetrabili libri buoni
per una vendemmia che sarà
tutta l’ultima opera vostra
se non mi salvate da queste
strette, stretta la misura
combatte il soldo e non v’è
sole ch’appartenga al popolo !
l’était pas. Je défends les travailleurs
je défends leur pain les dents
serrées je chasse le chien de
ma mansarde pleine
de livres impénétrables bons
pour une vendange qui sera
toute votre dernière œuvre
si vous ne me sauvez pas de ces
étreintes, étroite la mesure
combattez l’argent et il n’y a pas
de soleil qui n’appartienne au peuple !
2
Quando su un tank m’avvicino
a quel che era un tango, se
la misericordia era con me
quando vincevo, o inverso
se la tarda notte non fosse
ora ora di mattino, io non
scriverei più codeste belle
note! – Davvero mi torturi?
e davvero m’insegni a non
torturare la mente in agonia
d’altri senz’agonia ma mancanti
al sole di tutti i splendidi
soldi che hai riconosciuto
nella Capitale del vizio
che era Roma ? E tu frassine
oh lungo fratello d’una volta
chiamato Pierpaolo, un ricordo
soltanto ho delle tue vanaglorie
come se in fondo fosse l’ambizione
a gettar l’ultimo sguardo
dall’ultimo ponte.
2
Quand sur un tank je m’approche
de ce qui était un tango, si
la miséricorde était avec moi
quand je gagnais, et en effet
si la nuit profonde n’était pas
là là ce matin, moi je n’
écrirais plus ces belles
notes-là ! – Vraiment tu me tortures ?
et vraiment tu m’apprends à ne pas
torturer l’esprit à l’agonie
d’autres sans agonie, mais qui manquent
au soleil de tout le splendide
argent que tu as reconnu
dans la Capitale du vice
qu’était Rome ? Et toi frêne
oh long frère d’autrefois
appelé Pierpaolo, un souvenir
seulement me reste de tes glorioles
comme si au fond c’était l’ambition
qui jetait le dernier regard
du dernier pont.