Jour 1, Eubonne
À l’âge de 18 ans, j’ai quitté mon village natal de 400 habitants mais surtout ma famille – ma mère, mon père et mon frère – pour m’installer en France. Cette destination m’a toujours attirée même si je ne maîtrisais absolument pas la langue. J’avais cette envie irrésistible d’apprendre, de découvrir de nouveaux us et coutumes et ce, même si je ne possédais guère d’argent. L’appel de l’aventure était le plus fort et je ne manquais ni de courage, ni d’espoir en la vie pour retrousser mes manches et foncer.
Voyager comme remède pour améliorer mon existence qui me semblait si fade. Voyager pour me confronter à des émotions diverses et variées, faire face à des situations uniques et nouvelles en vue d’une quête existentielle dont je ressentais le besoin au plus profond de mon être.
J’ai voyagé longtemps toute seule. J’étais heureuse et satisfaite. Chaque voyage m’a enrichie et la solitude, tant décriée par mon entourage, ne m’a pas posé problème. Il est parfois important d’être seul avec soi-même pour savoir ce que l’on veut faire ou être dans la vie. Toutefois, je vous l’accorde, j’ai rêvé de croiser le chemin d’un homme avec lequel je pourrais partager cette passion du voyage.
Et un jour, mon rêve est enfin devenu réalité. Je suis tombée amoureuse et ce sentiment était réciproque. Il a rempli ma vie d’autant plus que cet homme était sensible à mon désir de voyager. C’est la raison pour laquelle, je souhaitais partager avec vous, notre premier voyage en commun : destination Paris.
Jour 2, Paris
Non, non. Nous n’avons pas du tout choisi Paris à cause de sa célèbre réputation ou encore de la sempiternelle phrase : « Paris est la ville la plus romantique au monde. » Nous savions que la capitale française revêt également des aspects peu reluisants. Pour nous, il était important de nous rendre compte d’une réalité afin de pouvoir nous en faire notre propre opinion.
À l’époque, j’étais sur Paris puisque je passais mes vacances d’été en France. Mon ami P. m’a rejoint de Slovaquie à l’aéroport Charles de Gaulle. Dans le hall de l’aéroport, j’attendais patiemment son arrivée au Terminal D. Quelle joie de nous revoir !
Main dans la main, nous nous sommes dirigés vers le métro : direction Notre-Dame de Paris. Nous avons pu visiter ce monument français que nous avons eu l’honneur de découvrir avant qu’un énorme incendie ne le ravage. Que de souvenirs agréables ! Nous avons pu prendre notre petit déjeuner typiquement français face à cet édifice grandiose. Avec notre café, nous avons pu manger de délicieux croissants au beurre ainsi que des morceaux de baguette fraîche accompagnés de confiture à la framboise. Nous étions bel et bien des touristes ravis de déguster les mets français et juste heureux d’être ensemble. Nous avions 7 heures devant nous pour choisir notre itinéraire afin de visiter un maximum de lieux dits incontournables.
Au lever du soleil, nous avons pris le Bateaubus qui se situait non loin du café où nous prenions notre petit déjeuner. Voir Paris en étant sur la Seine, nous a offerts un point de vue différent des perspectives et des monuments. Grâce à nos statuts d’étudiants, les prix des billets n’étaient pas onéreux sinon nous n’aurions pas pu nous offrir ce plaisir. Une fois sur le bateau, nous nous sommes bien installés sur nos sièges. Lorsque nous avions envie de prendre une photo, nous sortions sur le pont. Ainsi, nous avons des clichés de l’ensemble des monuments français : Hôtel de Ville, Tour Eiffel, Musée d’Orsay, Louvre etc.
La gastronomie française reste un des atouts majeurs pour l’ensemble des touristes. P. et moi n’échappons pas à la règle et nous nous sommes précipités dans un restaurant traditionnel. Avec curiosité mais surtout énormément d’envies, nous avons commandé des escargots ou encore du foie gras. L’ambiance de l’établissement était conviviale. Les personnes parlent entre elles et cela même s’ils ne connaissent pas. Mon amoureux ne fut pas surpris de me voir si à l’aise dans de telles circonstances et comprenait davantage ma réticence à retourner vivre en Slovaquie.
Puis nous avons sillonné les ruelles en observant l’architecture mais aussi les Parisiens et leurs vies trépidantes ! Ils courent sans cesse, n’ont pas le temps de flâner et il en est de même pour les voitures qui n’acceptent jamais d’être à l’arrêt. À bien regarder et écouter, les conducteurs ne connaissent que l’utilisation du klaxon. Malgré toute cette agitation, nous demeurions dans notre bulle : heureux, contents et apaisés d’être ensemble. Paris, l’espace d’un court séjour, était à nous !
Pour admirer la vue panoramique, nous sommes montés sur le toit de la Tour Montparnasse. Des touristes allemands nous ont gentiment proposé de nous prendre en photo. Grâce à eux, nous avons des souvenirs. Pour terminer, nous avons pris le TGV en direction de Bordeaux. Ce trajet, banal aux yeux de nombreuses personnes, a été pour nous synonyme de découvertes de nouveaux paysages. Être transportés par un train aussi rapide est impressionnant. Nous avons parcouru 500km en seulement 2h09. Toutefois, j’ai expliqué à P. que nous avions eu de la chance d’être arrivés à l’heure car en France, le transport ferroviaire est souvent confronté aux grèves et aux retards de la SNCF.
Jour 3, Bordeaux
Après le bruit, la pollution, la propreté douteuse de certains quartiers, la présence de milliers de gens dans les rues, le stress généré par une vie menée à 100 à l’heure, nous nous sommes réveillés dans l’appartement qu’une amie nous avait prêté, en plein centre de Bordeaux. Immédiatement, dès notre réveil, nous avons senti la différence par rapport à Paris. Bordeaux est certes une ville plus petite que celle de la capitale mais elle comporte de nombreux avantages et un patrimoine culturel assez important. Les touristes que nous étions avaient de quoi faire. Notamment marcher sur les quais.
Qu’il est bon de se promener le long des quais de la Garonne, de s’arrêter sur la magnifique Place de la Bourse et le Miroir d’eau, une pièce d’eau peu profonde reflétant la place de la Bourse ainsi que les quais. Comme beaucoup de femmes, j’ai également apprécié faire du lèche-vitrine en arpentant l’immense rue Sainte-Catherine. Il s’agit d’une des rues les plus longues d’Europe où sont regroupées un maximum de boutiques. Nous en avons même profité pour allumer une bougie à la Cathédrale Saint-André qui se situe à côté de la mairie. Après avoir tant piétiné toute la journée, nous avons fini par nous installer à la terrasse d’un restaurant. Nous avons commandé des crêpes sucrées avec du Nutella et de la chantilly et comme boisson, nous avons pris deux verres de vin rouge. Qu’il aurait été bien dommage de venir en Gironde sans goûter le Bordeaux : cela aurait été un sacrilège ! Les Bordelais disent : « C’est gavé bien de boire un petit verre de vin rouge ! »
Jour 4, Cestas
Après avoir pris notre temps pour visiter de grandes villes, nous avons tous les deux ressentis le besoin de nous ressourcer dans une ville plus petite où la verdure est plus abondante. C’est pourquoi, nous avons décidé de nous rendre à Cestas, ville de la banlieue bordelaise, à une quinzaine de kilomètres du centre, où j’ai travaillé pendant deux ans en tant que jeune fille au pair. Ma famille d’accueil était ravie de nous recevoir et moi, de lui présenter mon ami P.
Cestas, ce sont les chemins dans les forêts, les pistes cyclables, les vignobles, les lacs… La nature luxuriante mais relativement domestiquée. Alors, vous vous doutez bien que nous avons profité pour respirer l’air frais et nous avons utilisé les vélos mis à notre disposition. Heureusement, nous sommes tous les deux très sportifs. Nous nous sommes arrêtés une seule fois, dans la ville de Léognan où nous avons eu de la chance de pouvoir participer au marché juste à côté d’une belle église catholique… Nous avons pu goûter les gâteaux régionaux nommés les « canelés ». Ce sont de petits gâteaux à pâte molle et tendre, parfumée au rhum et à la vanille, en forme de cylindre cannelé d’environ cinq centimètres de haut et cinq centimètres de diamètre, cuit dans un moule originellement en cuivre, qui leurs donnent une fine croûte caramélisée. C’est délicieux ! Sentir les odeurs de la nourriture, de fruits frais, voir les sourires dans les yeux des vendeurs, cela nous a donné du baume au cœur. P. m’a offert un bouquet voyant mes yeux émerveillés face aux belles fleurs vendues par le fleuriste. Il a su devancer ma demande. Munie de mon joli bouquet, nous avons marché tranquillement dans les différentes allées.
Jour 5, Arcachon et Dune de Pyla
Le jour suivant, notre périple nous a conduits à Arcachon, belle ville balnéaire au bord de l’océan atlantique. Je dois admettre que cette ville est l’une de mes préférées.
Ôter nos chaussures, sentir le sable fin sous nos pieds, tels étaient nos objectifs de la journée. Bien sûr, nous avons également décidé d’escalader la Dune du Pyla, la plus haute d’Europe avec ses cent dix ou cent quinze mètres suivant les années (elle ne cesse d’évoluer et d’avancer vers les terres en engloutissant la forêt!) et de redescendre en courant… Quelle vue resplendissante, quelle joie infinie de pouvoir remplir ses poumons d’oxygène et de contempler toute la beauté du paysage qui nous est offert. Blottis l’un contre l’autre, nous étions unis par des souvenirs communs : des rires à gorges déployées, des courses effrénées, des baisers langoureux, des discussions sur la pluie et le beau temps mais aussi des promesses échangées… Nous ressentions toutes ces émotions de manière décuplée. Nous étions, en quelque sorte, hors du temps. Nous vivions pleinement notre jeunesse comme si la mort pouvait nous faucher à tout instant.
Jour 6, Budapest
C’est ensemble que nous avons quitté la France en direction de Budapest, ville de près de 2 millions d’habitants. Elle est divisée en deux quartiers, Buda et Pest, qui sont séparés par le Danube mais reliés par 9 ponts (dont le Pont de Chaînes), ce qui ajoute un charme certain à la ville… Ce que trouve la majorité de touristes incroyable c’est que d’un côté d’une rive comme de l’autre, on en prenne autant plein la vue…
Ce choix de destination n’est pas anodin étant donné que les billets d’avion étaient attractifs par leurs prix peu élevés. Durant le voyage, nous en avons profité pour nous nourrir intellectuellement et écouter de la musique. J’étais sur un petit nuage d’être au près de P. Je me sentais en toute confiance et pour une fois, je ne voyageais plus seule. Par conséquent, lorsque nous avons appris que nous devions attendre plusieurs heures avant de transiter par Bratislava, cet aléa a été moins pénible à vivre. Nous étions deux et le soleil nous faisait grâce de sa présence. J’avais même l’impression que le soleil caressait nos visages, tellement j’étais bien.
Le cœur léger, nous sommes parti errer dans les rues de Budapest. C’était splendide ! Par exemple le Parlement Hongrois, ce bâtiment est l’un des plus impressionnants que je n’ai jamais vu. Son style néo-gothique baroque et son immensité avec ses 18 000 m² en bouchent un coin. J’ai adoré le contourner pour me rendre compte de son architecture atypique autant que l’admirer de l’autre côté de la rive du Danube. Ce qui nous a marqué aussi, c’est certainement le château de Buda. Il est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, il est admirable depuis Pest et rayonne aussi bien le jour que la nuit. Situé en haut d’une petite colline, on y accède via un funiculaire ou à pied. On peut le contourner et s’y balader gratuitement.
Jour 7, Bratislava
La philosophie m’accompagne dans la quasi totalité de mes escapades si ce n’est pas pour dire dans ma vie quotidienne. Alors, lorsque ce voyage s’est achève c’est avec philosophie que je retrouve la routine des jours qui se suivent. Une fois rentrée dans mon appartement qui est situé pas loin de centre de Bratislava, la capitale de mon pays natal, la Slovaquie, je m’installe confortablement dans mon canapé en buvant un bon verre de vin et je trinque gaiement aux plaisirs de la vie ! J’ai la sensation d’entendre des musiques mélodieuses et joyeuses qui me donnent envie de me blottir contre ma moitié.
Merci la belle vie, merci de m’avoir permis de mener à terme mes projets, d’être celle que je suis : spontanée, curieuse et qui croit en sa bonne étoile !
Et puis, comme d’habitude, j’ai fini ma journée avec une petite prière du cœur : « Seigneur, accorde-moi la sérénité d’accepter les choses que je ne peux pas changer… Le courage de changer celles que je peux changer… Et la sagesse de faire la différence entre les deux. »
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