Retour au sommaire de la revue Solstices n°3
L’évadé solitaire (2014)
Il s’évadait sans cesse partout où il trouvait une faille
Une faille dans le système
Et bien que rien ne vaille
Il cherchait inlassablement un coupable
Mais ne le trouvait jamais
Car le problème venait de lui
Et de lui seul
Ce mal être profond
Ce sentiment d’abandon
De trahison
La solitude est le pire des poisons
Il avait tant à donner
Mais attendait trop de recevoir
Qu’il en était incompris
Il ne leur voulait absolument aucun mal
Il souhaitait seulement se sentir vivant
“Être“
Alors à force de maladresses,
D’impatience,
De nervosité,
Il les fit tous fuir
Ses amis comme ses ennemis.
De peur de finir dans l’oubli
Il s’entourait de nouveau
Et cela recommença
Encore
Et encore
Jusqu’à ce qu’un jour il comprit
Qu’il fallait vivre pour lui même
Donner et prendre à la vie
Sans se soucier du lendemain
Vivre le moment présent
Et se foutre du regard des autres
Alors là seulement
À ce moment précis
Il se sent léger,
Épanoui et compris.
Plus besoin de s’enfuir
Il est enfin libre et en paix.
*
Passion annihilée (2014)
Quand la passion s’en est allée
Plus rien ne va.
L’euphorie est retombée,
C’est la vie qui veut ça :
Amour, passion,
Romance et solitude.
Ce n’est pas fatal mon amour,
Lorsque l’on donne trop
On prend le risque de ne pas recevoir,
La vie peut être douce,
Mais les êtres la compliquent.
Je préfère être seul
Plutôt que de souffrir.
Les êtres meurtris sont vrais, francs et entiers,
Parfois cela peut faire peur.
Les gens se voilent la face
Et préfèrent ceux qui hypocrisent,
Nous sommes tous deux authentiques,
Nous comprenons trop bien les dangers
Pour nous laisser nous détruire.
Je me dois de ne pas craquer,
Car lorsque l’euphorie ressurgit,
Je pourrais sombrer dans les folies.
C’est dans la solitude que l’on construit les vraies passions
Et dans la passion que l’on construit sa solitude.
*
Les mythes au logis (2017)
Zeus et Prométhée : le feu de la discorde
Lorsqu’il modela de ses mains
Avec de l’eau et de la terre
Une créature à l’image du divin
Et qu’il leur insuffla de l’air
Prométhée nous donna naissance
Mais il manquait le feu sacré
Celui de la connaissance
Alors il est allé le dérober
Il s’attira les foudres du très-haut
Qui le condamna aux enfers
Dotés de qualités et d’autant de défauts
Depuis l’Homme erre sur la terre
Il oublie qu’il n’est qu’un mortel
Et a l’audace de se croire supérieur
Mais quand il dormira sous la stèle
Il comprendra que la réalité est ailleurs
Éros contre Thanatos : les feux de la passion
Le désir de vivre en chacun de nous
S’oppose à notre peur de la mort
Pour beaucoup ce sont deux tabous
Il faudra pourtant trouver un accord
L’amour c’est prendre un risque
S’abandonner dans des bras inconnus
En admettant qu’on nous les confisque
Après avoir mis nos sentiments à nus
Est-ce que la puissance créatrice d’Éros
Est faite pour se montrer éternelle
Doit-on faire confiance à Chronos
Quand il déploiera ses ailes
Pourtant le papillon de Thanatos
N’est-il pas l’espoir d’une autre vie
Il faut accepter que dans le cosmos
La fin n’est qu’une vue de l’esprit
Hadès et Perséphone : le feu des enfers
Perséphone était avec les océanides
Et cueillait des fleurs près d’un lac
Quand surgit de son char démoniaque
Le souverain du royaume torride
Il l’entraîna de force dans son milieu
Elle, la fille du Styx selon certains
Ce fleuve cerne la prison des dieux
Qui est protégée par un mur d’airain
Et dans cet enfer des âmes damnées
Hadès prit pour épouse la fille du fleuve
Les voilà tous deux unis aux condamnés
Sa flamme a donc mis l’eau à l’épreuve
Pour d’autres c’est l’enfant de Déméter
Et elle symbolise le cycle de la vie
Lorsque l’hiver arrive la nature se terre
Et au printemps avec elle ressurgit
Vice versa
Lorsque le feu est trop intense
L’eau ne peut pas l’éteindre
Sans risquer d’être évaporée
Lorsque l’eau est trop dense
Le feu ne peut pas l’étreindre
Sans risquer de se consumer
Les deux sont aussi puissants
Tout dépend de leur intensité
Soit les contraires s’opposent
Ou soit ils s’attirent sans fin
Concoctons la juste dose
Pour qu’ils se marient bien
Ulysse et Poséidon : les flots en courroux
Généralement les débris des vaisseaux
Sont emportés par les flots en courroux
Et plongés par le feu dans le chaos
Lorsque le récif a éventré la proue
Le chant des sirènes est envoûtant
Pourtant Ulysse a su y résister
Et s’en est délecté tout en rusant
La douce consolation d’un exilé
Dont la colère du dieu Poséidon
L’avait contraint à errer sur la mer
Pour avoir crevé l’œil du fiston
Dans l’Odyssée du poète Homère
Ce voyage initiatique nous enseigne
Et incite à la réflexion sur l’humain
C’est notre identité qu’on dédaigne
Lorsqu’on oublie d’où l’on vient