Tadahiko Wada a traduit Variazioni belliche en japonais en 1993, paru chez Soshi Yamada, Tokyo.
C’est lors d’un séjour au Japon, alors que nous flânions chez un petit bouquiniste tokyoïte qu’une amie japonaise – Fumiko Sugie – me fit remarquer cette traduction (à laquelle moi-même je travaillais en français) dont la date m’intrigua : c’était à ma connaissance la seule traduction du recueil (21 ans avant la première version française !) du vivant de la poétesse.
Du Japon à l’Italie, que le lien fût Amelia Rosselli me parut extraordinaire…
Qui était ce Tadahiko Wada ?
Avait-il connu Amelia Rosselli ?
Comment en était-il venu à traduire les Variations ?
C’est grâce aux réseaux sociaux que je suis entré en contact avec Tadahiko Wada. Très sympathiquement (qu’il soit remercié ici pour sa bienveillance et sa disponibilité), à ma demande, il a accepté de me raconter les circonstances de cette rencontre avec Amelia Rosselli.
C’est une traduction en français d’un texte qu’il m’a envoyé en italien que je publie ici.
J’ai connu Amelia Rosselli en été 1990, place Navone, où la poétesse m’avait donné rendez-vous en précisant même l’endroit où m’asseoir dans son bar préféré. Le numéro de téléphone, c’est Roberto Roversi qui me l’a donné quand je lui dis que j’étais en train de traduire le recueil Variazioni belliche. C’est comme cela que nous nous sommes rencontrés à Rome devant la Fontana dei Quattro Fiumi. Nous avons parlé longtemps, puis elle m’a emmené dans un pub irlandais et dans son appartement qui donnait sur la Chiesa Nuova. C’est en regardant le coucher de soleil troublé par les merles que je quittai la mansarde.
Cette première rencontre avec Amelia Rosselli je l’avais décrite dans divers articles. Mais il y a encore un épisode inédit à raconter. Ce fut justement le jour même où je venais à Rome pour rencontrer Rosselli que je croisai Stefano Benni sur les marches du train que j’allais connaître quelques jours plus tard à Bologne toujours grâce à Roversi.
On comprend que mes rencontres des poètes venaient presque toujours du poète bolonais, au moins jusqu’à la moitié des années 90. Mais au début il y avait Giovanni Giudici. Ce fut Giudici qui m’envoya chez Roversi après notre première rencontre dans le bureau milanais de la Direzioni di Pubblicità et des relations publiques d’Olivetti. J’avais à peine commencé à étudier à l’Unibo [l’Université de Bologne]. C’était à la fin de l’automne 1977. Je me rappelle encore que j’étais allé à Milan de Bologne quelques jours après une chute de neige insolite de 40cm en une nuit. Mon oncle m’ayant conseillé d’aller frapper à la rédaction de Comunità dirigé par Zorzi, je commençais à mettre le pied dans le monde littéraire italien. Zorzi, Giudici, et puis Roversi m’avaient encouragé à établir des rapports personnels avec Montale, Sereni, Zanzotto… et tant d’autres (on pourrait ajouter encore d’autres écrivains et intellectuels italiens, notamment Eco, Calvino et Tabucchi).
Ce fut donc Giudici qui me fit connaître Amelia Rosselli comme poétesse avec l’Antologia poetica (Garzanti, 1987) qu’il avait dirigée en dédicaçant même une très belle préface « à Amelia Rosselli ». Ainsi commencèrent mes lectures rosselliennes, en recueillant tout le matériel possible, et avec le temps me vint l’envie de traduire ses poèmes, en particulier les Variazioni belliche. Par chance, j’avais un éditeur spécialisé dans la poésie qui voulait créer une nouvelle collection. Nous avons décidé tout de suite d’incorporer Variazioni belliche dans la collection « Lucioles ».
Voilà pour la préhistoire des Variazioni belliche en japonais.
Tadahiko Wada est né à Nagano en 1952, il vit actuellement à Tokyo où il enseigne à la Tokyo University of Foreign Studies.
Il a écrit, publié, dirigé et co-dirigé de nombreux ouvrages, parmi lesquels :
Fascimo e …, 2008 SUISEISHA-Tokyo
Voce, in quanto non-senso, 2004 HEIBONSHA-Tokyo
Venezia, sogni di acqua, 2000 CHIKUMA SHOBO-Tokyo
Intorno Caravaggio, 2001 Jinbun Shoin-Kyoto
Rinascimento pasoliniano, 2001 Tottemo Benri-Kyoto
L’imaginazione del fascismo, 1997 Jinbun Shoin-Kyoto
Studi sul modernisimo, 1994, Shichosha-Tokyo
Lettratura mondiale d’oggi, 1994 Air Univ. Press-Tokyo
Politica e Arte, 1989 Iwanami Shoten-Tokyo
Il a traduit Umberto Eco, Italo Calvino, Antonio Tabucchi, Tommaso Landolfi, Roberto Longhi, Pino Arlacchi, Mario Giacomelli.
En 2004, il a été fait Commendatore della Repubbilica italiana “Solidarietà della stella italiana”,
et a reçu en 2011-12 le prestigieux Premio Nazionale per la Traduzione della Repubbilica italiana.