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Verso sera, i gomiti sulla ringhiera,
Si va incontro a un’improvvisa limpidezza,
La polvere del giorna decanta
Minuscoli grani di pensiero,
Sembra più alto il cielo. L’ippocastano
Piega i rami sulla corona di ortensie
E le sue voci si fanno profonde
Come un fuoco di cori segreti.
I gomiti sulla ringhiera ancora calda
E il cielo sempre più alto.
Vers le soir, les coudes sur la rembarre,
On rencontre une clarté inattendue,
La poussière du jour décante
De minuscules grains de pensée,
Le ciel semble plus haut. Le marronnier
Plie ses branches sur la couronne d’hortensias
Et les voix se font plus profonde
Comme un feu de chœurs secrets.
Les coudes sur la rembarre encore chaude
Et le ciel toujours plus haut.
*
L’ombra della finestra sulle parete azzurra
All’alba, il profilo nero della bottiglia,
La santità del silenzio dopo l’amore
Forse li hai portati nel respiro
Del sonno, forse hai sentito
Quanto ero sveglio per non aver creduto
A un miraggio che durava,
Arreso infine a una stanchezza senza sogni.
Quest’autostrada mi riporta indietro
Al mio futuro, ad altri viaggi senza te,
Mi fa pensare come scorre sull’asfalto
La mia attesa, come stia in agguato la paura
A un cantiere, a una deviazione,
Se questo altro non siamo, un percorso
Di accidentata felicità, di sorprese
Non segnalate, incaute sospensioni.
L’ombre de la fenêtre sur le mur bleu
À l’aube, le profil noir de la bouteille,
La sainteté du silence après l’amour
Peut-être tu les as portés dans le souffle
du sommeil, peut-être tu as senti
Que j’étais réveillé de ne pas avoir cru
Au mirage qui durait,
Rendu enfin à une fatigue sans rêve.
Cette autoroute me ramène
À mon avenir, à d’autres voyages sans toi,
Me fait penser à comment coule sur l’asphalte
Mon attente, comment la peur se tapit
Dans un chantier, à un détour,
Si nous ne sommes pas autre chose qu’un chemin
De bonheur accidenté, de surprises
Non signalées, de suspensions imprudentes.
*
Sono questi i giorni del primo sole
Quando sbiadisce il rigore dell’inverno
E i pioppi ancora spogli nel parco si riscaldano.
Uno non c’è più, resta una piccola fossa
All’ombra lunga dei superstiti.
Guardo le sedie riposte delle nostre cene
In una stanza ancora piena d’echi
E fuori i merli nell’aria tiepida
Saltano da un ricordo a un altro.
Vorrei sentire ancora una volta il mio cuore
Che troppo lungamente fa silenzio
E il cuore del mio cuore cantare
Di una strana felicità.
Si sopravvive così, senza argini,
Dentro un umore piatto, una costanza
Aspra disciolta in questo azzurro di aprile,
Resistendo all’ossessione
Di nulla amare, prendere, fermare.
Les voilà les jours du premier soleil
Quand s’estompe la rigueur de l’hiver
Et que les peupliers encore dépouillés du parc se réchauffent.
Lui, il n’est plus là, il reste un petit creux
À l’ombre longue des survivants.
Je regarde les chaises rangées de nos dîners
Dans une chambre encore pleine d’échos
Et dehors les merles dans l’air tiède
Sautent d’un souvenir à l’autre.
Je voudrais sentir encore une fois mon cœur
Qui depuis trop longtemps garde le silence
Et le cœur de mon cœur chanter
D’un étrange bonheur.
On survit ainsi, sans remblai,
Dans un amour plat, une constance
Âpre dissoute dans cet azur d’avril,
Résistant à l’obsession
De ne rien aimer, prendre, arrêter.
*
Queste facce impassibili scorrono sul vetro
Come la maschera di Agamennone sullo schermo
Del National Geographic. Porto soltanto
Questo passato muto negli intrecci quotidiani
Al di sotto di Roma. Sono ferme ma è come
Se dondolassero insieme la loro nenia,
La stessa, pericolosamente e senza sono.
Queste facce non hanno dolore, coperto
Dall’insieme dei fiati del mattino.
Non sorridono. Sono macchine
Precise lungo binari precisi.
Ces visages impassibles glissent sur le verre
Comme le masque d’Agamemnon sur l’écran
Du National Geographic. Je porte seulement
Ce passé muet dans les entrelacements quotidiens
Au-dessous de Rome. Ils sont immobiles mais c’est comme
S’ils balançaient ensemble leur litanie,
La même, dangereusement et sans son.
Ces visages n’ont pas de douleur, couverts
De l’ensemble des souffles du matin.
Ils ne sourient pas. Ce sont des machines
Précises sur des chemins précis.
*
Sicuro a te dapresso
tremo lontan da te
Don Pasquale
A volte fermo lo sguardo sul tuo sguardo
E tu fermi il tuo sguardo sul mio:
Lo spazio è un vuoto e quella linea invisibile
Da pupilla a pupilla su quel vuoto
È il nostro ponte sospeso. Per un istante
Distogliamo lo sguardo ma quel ponte resiste.
È allora che il vuoto si fa mondo. Laggiù
Sono voci, rumori, geografie
Promesse, climi inaspettati,
È un tuono quel boato improvviso
Lungo la costa, annuncia il temporale
Se la folla per le strade si disperde
E torna al vuoto. Sei tu che esisti.
Rassuré par toi tout près,
je tremble loin de toi
Don Pasquale
Parfois j’arrête mon regard sur ton regard
Et tu arrêtes ton regard sur le mien :
L’espace est vide et cette ligne invisible
De pupille à pupille sur ce vide
C’est notre pont suspendu. Pendant un instant
Nous détournons le regard mais ce pont résiste.
C’est alors que le vide se fait monde. Là-bas
Ce sont des voix, des bruits, des géographies
Promises, des climats inattendus,
C’est un tonnerre que ce rugissement soudain
Le long de la côte, il annonce la tempête
Si la foule dans les rues se disperse
Et retourne dans le vide. C’est toi qui existes.
*
Stasera il bosco della mente
Ha suoni che rapiscono.
Sul pavimento scorrono
Ombre minuscole, veloci.
Non ho altri sensi, non ho
La sorpresa dell’amaro
E non mi cauterizza alcuna nausea.
Le mani non sono che un riccordo.
Mettere insieme tutte le parti,
Non si può. Com’è vorace l’alfabeto
Che all’altro capo di questa radura
Mi trascina.
Ce soir le bois de l’esprit
A des sons qui captivent.
Sur le sol courent
Des ombres minuscules, rapides.
Je n’ai pas d’autres sens, je n’ai pas
La surprise de l’amertume
Et aucune nausée ne me cautérise.
Les mains ne sont qu’un souvenir.
Mettre ensemble toutes les pièces,
C’est impossible. Comme l’alphabet est vorace
Qui à l’autre bout de cette clairière
M’entraîne.
*
Ho sempre trovato te, all’altro capo.
Ora che te ne sei andato
Vivo un giorno alla volta.
Je t’ai trouvé toi, à l’autre bout.
Maintenant que tu es parti
Je vis un jour à la fois.
*
Davvero è stato un lungo salutarci
Io a bordo, tu a terra
In un porto, un terminale, una stazione,
Ogni volta fuggendo per tornare
A imparare la strada di casa,
Ogni volta pensando
A te come a un riflesso mancato.
Ça a été vraiment un long au revoir
Moi à bord, toi à terre
Dans un port, un terminal, une gare,
À chaque fois en fuyant pour revenir
Apprendre le chemin de la maison,
Chaque fois en pensant
À toi comme un reflet manquant.
*
Caravaggio, Il martirio di Santa Lucia
La vedevo affacciarsi di mattina,
Già dentro una cornice, e così bella
Che il dolore non avrebbe mai potuto
Fare un solco in quella grazia improvvisa.
Un solco, no. Poi tutti quei rumori
Erano una lama opaca, ma dura,
Nelle piazze c’era un fumo sinistro,
La tua cornice.
Caravage, Le martyre de sainte Lucie
Je la voyais se pencher le matin,
Déjà à l’intérieur d’un cadre, et si belle
Que la douleur n’aurait jamais pu
Creuser un sillon dans cette grâce inattendue.
Un sillon, non. Alors tous ces bruits
Étaient une lame mate mais dure,
Sur les places il y avait une fumée sinistre,
Ton cadre.
*
Bacon
La linea è un urlo, o un urlo è una linea
Sonora, un bianco altare dove si strazia
Una lenta eucarestia, o un confine
Su cui crolla il dolore, come uno schiaffo
Improvviso sulla guancia di un bambino,
Ingiusto, e che l’urlo vorrebbe vendicare.
Ma è una linea, incerta come un’alba d’inverno,
Il freddo trascinato dal grigio quando il mattino
Urla segretamente, e da qualche parte un autobus
Innocente entra nel sonno con l’odore
Di una frenata brusca sull’umido dell’asfalto
E infine il silenzio invade i fili, i muri,
Le sinapsi e la voce non esce,
Neppure fossimo nel regno dei morti.
Bacon
La ligne est un cri, ou un cri est une ligne
Sonore, un autel blanc où se déchire
Une lente Eucharistie, ou une frontière
Sur laquelle la douleur s’effondre, comme une gifle
Soudaine sur la joue d’un enfant,
Injuste, et que le cri voudrait venger.
Mais c’est une ligne, incertaine comme une aube d’hiver,
Le froid traîné par la grisaille quand le matin
Hurle secrètement, et quelque part un bus
Innocent entre dans le sommeil avec l’odeur
D’un freinage brusque sur l’humidité de l’asphalte
Et enfin le silence envahit les fils, les murs,
Les synapses et les mots ne sortent pas,
Alors que nous n’étions même pas au royaume des morts.
*
Punta della dogana vecchia
I campanili puntati come lance esauste
Sull’orizonte della laguna, possibilmente
Al tramonto. E un aereo che atterrando lambisce
Fili di perle accese sulle dighe mentre annotta.
Tensione ed eccesso, sovrapposti
Come un vento di guerra appena conclusa
Ma che può ricominciare all’improvviso.
Qui la rosa dei venti non ha senso
Perché oriente e occidente sono un solo centro
E un alito di scirocco ai primi di settembre
Non può bastare a ricordarmi dove sono.
In questa luce riesco ancora a vedere
Di lei che fu regina a Cipro le galee
Come sfiorano lente la lingua della Giudecca
Sulla scia delle spezie dorate, dei tessuti brillanti
E ricordano che l’inverno è alle porte –
Tutta questa purezza sarà presto un miraggio
Come i sogni di Marco Polo nei deserti.
Punta della Dogana Vecchia
Les clochers pointés comme des lances épuisées
À l’horizon de la lagune, peut-être
Au coucher du soleil. Et un avion qui à l’atterrissage lèche
Des colliers de perles allumées sur les digues quand la nuit tombe.
Tension et excès, superposés
Comme un vent de guerre qui vient de se terminer
Mais qui peut recommencer à l’improviste.
Ici la rose des vents n’a pas de sens
Parce que orient et occident sont un seul centre
Et un souffle de sirocco aux premiers jours de septembre
Ne peut suffire à me rappeler où je suis.
Dans cette lumière je peux encore voir
Les galiotes de celle qui fut la reine de Chypre
Comme elles effleurent lentement la langue de la Giudecca
Dans le sillage des épices dorées, des tissus brillants
Et rappellent que l’hiver est à nos portes –
Toute cette pureté sera bientôt un mirage
Comme les rêves de Marco Polo dans les déserts.
*
Variazione su una poesia di Nina Cassian
Da questa matita si diparte una strada di grafite
E sulla strada passeggia una lettera come un cane,
Ed ecco una parola come una città abitata
Dove forse arriverò domani.
Forse. Qualche accidente
Certo aumenterà i miei passi
Ma non mi darò per vinto
Non mi farò prendere dall’ansia
Se il cane è sparito in qualche vicolo
O si è perso tra i cespugli –
Laggiù, sempre più lontano
L’orizzonte è un alfabeto in viaggio.
Variation sur un poème de Nina Cassian
De ce crayon part une route de graphite
Et sur la route se promène une lettre comme un chien,
Et voici un mot comme une ville habitée
Où j’arriverai peut-être demain.
Peut-être. Quelque accident
Certainement augmentera le nombre de mes pas
Mais je ne m’avouerai pas vaincu
Je ne me laisserai pas submerger par l’angoisse
Si le chien disparaît dans une ruelle
Ou se perd dans les buissons –
Là-bas, de plus en plus loin
L’horizon est un alphabet en voyage.
*
In corsa sul treno fantasma
I vagoni sfilano veloci come perle
Sul pavimento da una collana strappata
E ciascuna è una meta che si sposta,
La scheggia impazzita di un pensiero fisso
Quando non c’è più niente da pensare,
Una stazione, una città, un pianeta
In fuga dalla sua origine, più lontani
Della distanza scritta su un biglietto.
E il fantasma è il treno, o la sua corsa,
L’ombra di una parola da una pagina all’altra.
En route dans le train fantôme
Les wagons défilent aussi vite que des perles
Sur le sol d’un collier arraché
Et chacune est une destination qui se déplace,
L’éclat fou d’une pensée fixe
Quand il n’y a plus rien à penser,
Une gare, une ville, une planète
Fuyant son origine, plus loin
Que la distance écrite sur un ticket.
Et le fantôme est le train, ou son trajet,
L’ombre d’un mot d’une page à l’autre.
*