Gravures en taille douce de Yann Legrand. Poemes de Rodolphe Gauthier.
Typographie au plomb mobile (Caravelle C.12),
sur du papier hahnemühle 300g.
Avec Christine Vandrisse.
Disponible sur demande ou sur la page des éditions Solstices.
Ce livre se présente comme une expérience de la matière (ou plutôt des matières)
par le texte et l’image.
C’est-à-dire que l’image et le texte ne sont pas des illustrations réciproques,
ne dépendent pas l’un de l’autre,
mais exposent deux approches (qui sont deux pratiques) des états de la matière.
Nous avons choisi dix états, que nous avons investi chacun à notre manière.
Ce n’est pas essentiel pour le lecteur de savoir précisément quels sont ces états (même pour nous, ils portent plusieurs noms) : autant dans l’image que dans le texte, les indices – qui sont en fait des empreintes – sont visibles/lisibles.
La matière n’est pas un mythe, elle ne présente pas de narration.
Autant la poésie, en tant qu’expérience de la matière langage, ne se farde pas d’anecdotes,
autant la gravure, en tant que résultat d’un processus matériel, ne s’ordonne pas non plus en histoires.
Dans les mots autant que dans les formes (langage visuel, langage textuel), ce sont les jeux de fusion, dissolution, tension, broyage, cristallisation, entaillage, oxydation, érosion, émiettement, qui nous fascinent, de la particule (spin) à la poussière (les résidus).
Un jeu de forces à la fois, donc, minimal et baroque que le lecteur-spectateur peut, à loisir, contempler (si la contemplation est encore possible), observer (analyser) ou, bien sûr, s’approprier.
Pour cela, il était hors de question de choisir une impression offset qui privilégie l’aseptisation aux aspérités, qui propose le mensonge d’une transcendance de la matière par la négation de la tâche humaine (en voulant abolir le hasard). À la machine autonome, nous avons préféré l’apprentissage de la main ; à l’imprimante, la presse à épreuve typographique ; à la platitude, le foulage ; et au papier glacé, ce beau papier hahnemühle.